Un Noël pas comme les autres
- Agathe
- 4 janv. 2020
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 janv. 2020
Les fêtes de fin d'année étaient le moment que j'appréhendais le plus dans ma mission. C'était la première fois que je les célébrais loin de ma famille, de mes amis, de ma ville natale, beaucoup de facteurs qui auraient pu me faire me sentir nostalgique. Récit d'un Noël pas comme les autres.
Noël au Cambodge

Pour rappel, le Cambodge est un pays bouddhiste (95%). Même si on y compte quelques communautés chrétiennes, elles sont très minoritaires et Noël n'a donc pas une grande influence sur l'activité du pays. Mis à part quelques magasins qui ont affiché des guirlandes lumineuses, des flocons et des déguisements de Père Noël, des symboles très occidentaux finalement, il n'y avait pas d'émulation particulière. Ce qui prévaut finalement, c'est l'occasion de faire la fête. Pour les cambodgiens, il n'y a aucun problème à accueillir une cérémonie issue d'une autre religion dans leur quotidien, ils vont simplement l'adapter à leur sauce. L'illustration ci-contre a été partagée par une étudiante du Centre sur son facebook et je l'ai trouvée très révélatrice.

Au Centre Mérieux, nous avons installé un sapin. Au bout de quelques jours, il s'est remplit de petites cartes de voeux. Chaque année, la tradition veut que les étudiants et les staffs se souhaitent plein de belles choses par ce biais ce qui est extrêmement touchant. L'atmosphère de Noël était donc présente par petites touches mais ne nous mentons pas, quand il fait 29 degrés et qu'il n'y a pas de Michaël Bubblé dans les magasins, c'est un peu dur de se sentir pleinement dans l'ambiance. D'autant plus que le 25 n'est bien sûr pas férié !
Le 24 au soir avec les étudiants
Les étudiants d'Enfants du Mékong sont habitués à fêter Noël, déjà parce que certains sont catholiques mais aussi parce qu'ils sont habitués à vivre avec des volontaires français pour qui Noël est assez incontournable. Chaque année, des petites animations sont donc organisées pour eux.

Le 24 décembre, nous sommes partis à la messe de Noël en khmer avec 11 étudiants catholiques. Une sacré procession de tuk tuks à l'heure de pointe, très rock'n'roll. Petite anecdote qui nous a beaucoup amusés: certains étudiants n'avaient pas eu le temps de diner avant la messe, ils ont donc acheté du pop corn devant l'église et sont entrés avec. Ils ont eu un peu de mal à comprendre notre stupéfaction. Je pense que nous ne plaçons pas la sacralité au même endroit.
Quand la cérémonie, à laquelle je n'ai rien saisi à part les "amen", s'est achevée, les étudiants nous ont expliqué qu'il fallait rester car un snack serait distribué pendant le spectacle. Sur fond de chants de Noël remixés en mode techno thaï, nous avons donc dégusté un baï cha (riz frit) et une pomme (fruit de luxe au Cambodge) tout en regardant un spectacle rejouant la scène de l'annonciation en khmer.
Repas et fêtes de Noël
L'avantage d'être plusieurs volontaires francophones, c'est qu'on peut célébrer Noël "à la française" quand même. Nous avons été invitée par nos co-bambous Bernard et Axelle pour déguster un véritable festin composé de foie gras, champagne, saumon, fromages et bûches... autant vous dire que mon estomac a eu du mal à supporter tout cet afflux de nourriture. Un vrai délice !

Le 25 au soir, nous avions organisé Lucie et moi, une soirée de Noël pour nos étudiants de première année afin de partager un moment convivial avec eux. Nous avons décidé de leur offrir une place de cinéma chacun, la plupart d'entre eux n'y ont jamais mis les pieds. Nous avons ensuite dansé et chanté sur des chansons khmères et américaines. A la fin de la soirée, ça a été le tour des étudiants de nous surprendre en nous offrant un petit cadeau chacune. Une attention extrêmement touchante et qui nous a beaucoup émues.
Une grande fête a ensuite été organisée pour fêter à la fois Noël et le nouvel an. Tout le Centre était convié et les étudiants ont travaillé d'arrache-pied pour préparer de magnifiques décorations, un très bon repas et des spectacles de qualité. Danses, chants, sketchs, défilés de mode se sont succédés. Un secret santa avait également été prévu, chaque promotion est donc montée sur scène pour que chaque étudiant remette son cadeau à la personne dont il avait pioché le nom. S'en est suivi l'incontournable free dancing qui conclut chaque fête du Centre, un peu à l'image du banquet qui clôture chaque BD d'Astérix.
Et bonne année !
Ma famille arrivant courant janvier, je n'ai pas souhaité prendre de vacances pour le nouvel an et ai préféré le célébrer également avec les étudiants de mon foyer. Il faut savoir que le 1er janvier est le nouvel an international mais que les khmers ont leur propre nouvel an en avril. Le 1er janvier est tout de même férié dans tout le pays depuis une vingtaine d'années. Le 31 au soir, les étudiants avaient cours comme d'habitude. Je me suis chargée d'acheter des boissons et ils ont cuisiné des snacks (autant dire un repas colossal) pour "tenir" jusqu'à minuit. Il faut reconnaître que les khmers se couchent très tôt d'ordinaire (vers 22h voire moins à la campagne) attendre minuit était donc un vrai challenge. Entre 21h et minuit nous avons donc dîné, j'ai eu l'occasion de goûter mon premier oeuf fécondé et, si ce n'est pas mauvais, il faut reconnaître que l'aspect m'a légèrement rebutée. Nous avons également chanté et dansé jusqu'au count down. J'ai adoré ce nouvel an ! Il y avait un tel enthousiasme ! En France, chaque année la tradition est la même, les gens sont donc un peu blasés, mais ici au Cambodge, c'était la première fois que les étudiants célébraient ainsi le passage à l'année suivante. Ils étaient surexcités et il y avait une vraie fraîcheur dans leur manière de fêter ce moment tous ensemble.
Le lendemain, malgré les couchages tardifs, nous sommes partis sur l'Ile de la Soie avec une trentaine d'étudiants. Cette île est située à 45 minutes environ de Phnom Penh à vélo et en bac. Après avoir rejoint le nord de l'île, nous avons emmené les étudiants à la plage où ils ont pu se baigner pendant près de 2h. Il faut savoir que beaucoup d'entre eux ne savent pas nager mais cela ne les a pas empêché de s'éclabousser copieusement et de se jeter dans le Mékong les uns après les autres.
Vous l'aurez sûrement compris à la lecture de ces lignes, Noël et le nouvel an ont eu cette année une saveur particulière. J'ai eu l'impression de redécouvrir le sens que ces fêtes avaient pour moi en les passant avec mes jeunes, c'était à la fois complètement nouveau et ancré dans la tradition. J'avais envisagé de partir à l'étranger pour l'occasion ou de faire la fête à l'européenne avec des amis en VIE mais je ne regrette pas un instant mon choix d'avoir partagé cette expérience unique avec les étudiants du Centre. Cela nous a rapproché, a donné lieu à de beaux échanges... Autant vous dire que cette année, la période avait quelque chose de résolument magique. Bonne année à tous !
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