Le coronavirus, passager indésirable de la mission
- Agathe
- 17 mars 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 mars 2020
Voilà un article que je n'avais pas du tout prévu d'écrire. Pourtant la menace se profilait depuis plusieurs semaines, lorsque ma famille est venue me rendre visite fin janvier, le premier cas de coronavirus venait d'être détecté au Cambodge et l'atmosphère était encore à la légereté. Beaucoup d'entre vous me demandent ce qu'il en est de la situation aujourd'hui, je vous la partage donc à la fois pour vous informer mais aussi pour vous rassurer : tout est mis en oeuvre pour que les jeunes, les staffs et les volontaires soient en sécurité.
UPDATE LE 23 MARS 2020
Confinement à Bangkok
Cet article initialement publié il y a une semaine méritait bien une petite mise à jour. En effet, beaucoup de changements ont eu lieu en une semaine.
Le mardi 17 mars, nous disions au revoir à nos étudiants qui rentraient dans leur province. Les staffs khmers devaient partir en vacances imposées le vendredi soir et les volontaires rester confinés entre le Centre Mérieux et un ou deux foyers. Le jeudi après-midi, alors que nous étions en train d'organiser le confinement, nous avons appris que tous les volontaires devaient être rapatriés à Bangkok avant dimanche soir. La raison en est simple: la Thaïlande dispose de meilleurs hôpitaux que le Cambodge et sera plus à même de traiter les cas éventuels. Le vendredi, nous apprenons que la Thaïlande fermera ses frontières dans la nuit de samedi à dimanche, nous changeons donc nos billets pour partir dès le lendemain.
Aujourd'hui, nous formons une colocation de 8 volontaires cambodgiens. Nos déplacements sont réduits au strict minimum (courses et tours du pâté de maison). Nous poursuivons la mission tant bien que mal à distance en espérant que les choses s'apaisent rapidement et que nous puissions regagner le terrain dès que possible !
J'espère que tout va bien de votre côté alors que démarre cette 2ème semaine de confinement. Je pense bien à vous tous !
L'épidémie au Cambodge
Comme précisé en introduction, le premier cas officiel de coronavirus a été déclaré fin janvier à Sihanoukville. Aujourd'hui, on compte une petite trentaine de cas, presque exclusivement des touristes selon les sources officielles. Si le Cambodge a d'abord affirmé qu'il ne cèderait pas à la psychose, il semble que l'affolement international ait fini par gagner le pays. Le lundi 16, sur recommandation du gouvernement, toutes les écoles et universités ont été fermées, le contrôle aux frontières a été renforcé et certaines nationalités ne peuvent plus entrer sur le territoire (dont les français).
Il est malheureusement très difficile d'imaginer des mesures de confinement similaires à celles qui sont actuellement en place en France dans la mesure où les cambodgiens vivent majoritairement à l'extérieur (même à Phnom Penh). Les gens exercent encore beaucoup de métiers manuels, le télé-travail est donc inenvisageable, ils vivent souvent très nombreux sous le même temps y compris avec les grand-parents puisque la cellule familiale est très forte... De plus, le système de santé au Cambodge n'est pas assez développé pour pouvoir diagnostiquer et traiter efficacement les cas.
Malgré les consignes gouvernementales, il est difficile d'imaginer pouvoir contenir l'épidémie, d'autant plus que beaucoup de citadins retournent dans leurs familles à la campagne où les conditions sanitaires sont parfois très précaires et l'accès à la santé particulièrement difficile.
La mission
Suite à l'annonce de la fermeture des universités et écoles, nous avons dû à notre tour fermer le Centre où je travaille. Les étudiants sont repartis dans leurs familles le 17 mars pour environ un mois et les staffs vont à leur tour cesser de travailler à la fin de la semaine.
Concernant les volontaires, nous ne sommes plus autorisés à nous déplacer hors de notre zone de mission (Phnom Penh pour moi donc) et devons limiter au maximum nos trajets. Nous allons nous regrouper dans un logement et continuer à travailler pour l'association, heureusement nous ne manquons pas de choses à faire ! Suite aux annonces de contamination provoquées par des touristes, une méfiance s'installe malheureusement vis-à-vis des étrangers : la phrase "J'habite à Phnom Penh depuis 6 mois" et porter un masque se révèlent très utile.
A ce jour, aucun rappatriement n'est prévu et nous espérons que cela ne sera pas nécessaire. Voir partir les étudiants un mois a déjà été un crève-coeur, nous n'imaginons pas ne pas pouvoir leur dire au revoir.
Et envers la France ?
L'inquiétude prévaut quant à la situation en France. Nous pensons bien à tous nos amis et proches enfermés chez eux ou confrontés au virus dans l'exercice de leur profession (team soignants on vous admire si fort !) Nous espérons que ces mesures porteront leurs fruits rapidement et qu'un retour à la normal aura lieu sans tarder.
En attendant que tout redevienne plus calme et si on s'appelait ? Pris dans nos routines, nous n'avons pas le temps d'habitude mais aujourd'hui c'est l'occasion d'échanger des nouvelles de vive voix. A très vite sur Whatsap !
PS : Et comme il faut quand même garder le sourire, voici une vidéo réalisée par le talentueux Théophile Ducos dans mon foyer. Un super souvenir !
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