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Cambodge et écologie 1/3

  • Photo du rédacteur: Agathe
    Agathe
  • 18 mai 2020
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 31 août 2020

Dans mes précédents articles, j'ai déjà évoqué mon engagement écologique et la manière dont il était chamboulé depuis que je vis en Asie (Cambodge et Thaïlande). J'ai passé 5 ans à mettre une routine en place en France pour limiter mon impact mais certaines de ces initiatives ne sont pas applicables ici. Après plusieurs mois de découragement où je m'étais résignée à faire "une pause dans ma démarche", j'ai décidé de m'emparer à nouveau de ce sujet.

Il sera traité en 3 articles : le premier essayant de proposer une réflexion sur la notion d'écologie au Cambodge, le second évoquera les problématiques que rencontre le Cambodge sur le plan écologique, le dernier enfin regroupera des astuces pour les touristes ou les personnes amenées à vivre au Cambodge afin de limiter leur empreinte écologique.


La France plus écolo que le Cambodge ?

Une volontaire avec laquelle j'échange régulièrement sur la question me faisait remarquer très justement qu'on accuse souvent les pays d'Asie (sans distinction) de ne pas être écologiques en grande partie à cause de la pollution plastique. Dans certains pays, elle est effectivement très visible. Cela s'explique très facilement : il y a peu de poubelles à disposition, pas toujours de filière de recyclage, les gens jettent leurs déchets sur le bord de la route et les commerçants distribuent volontiers sacs, gobelets et autres pailles... un peu comme en France il y a 20 ans. Rappelons également que le Cambodge fait partie de ces pays d'Asie qui reçoivent les déchets d'autrui, en particulier le Canada et les Etats-Unis (source AFP).


Néanmoins, la pollution est un sujet beaucoup plus vaste que le plastique et si on veut utiliser un autre indicateur, par exemple: les émissions carbone, notons qu'en 2018, la France émettait 338 Mt de CO2 (soit 5,2 Mt par hab) alors que le Cambodge en émettait 10 Mt (soit 0, 625 Mt de CO2 par hab) (source : Global Carbon Atlas).


Bien sûr, cette différence ne s'explique pas par une démarche écologique assumée de la part du gouvernement cambodgien (j'y reviendrai) mais plutôt par son niveau de développement.


Une différence de niveau de vie

J'ai choisi quelques exemples de sources de pollution, certes pas les plus polluants, mais qui me semblent particulièrement adressées en occident.


La différence entre les émissions de CO2 d'un habitant français et d'un habitant cambodgien trouve son explication dans les modes de vie qui sont radicalement différents. Alors que l'usage de la voiture est très développé en France : 86 % des ménages en possèdent au moins une selon une étude Kantar de 2018, au Cambodge, elle est encore un produit de luxe. Les gens lui préfèrent donc la moto, le vélo et les transports en commun beaucoup plus accessibles et moins polluants.


La consommation de viande, un autre facteur de pollution, peut aussi paraître plus élevée au Cambodge où le végétarisme est loin d'être entré dans les mœurs. Viande et poissons sont effectivement présents dans tous les repas. Pour autant, vous n'y dégusterez jamais une entrecôte ou un filet mignon : la viande est présente en petite quantité dans les plats prévus pour accompagner le riz et toutes les parties de la bête (ou presque) sont utilisées. Alors qu'un français consomme en moyenne 87,5 kg de viande par an (source: France Agrimer 2018), un cambodgien se contentera de 17,6 kg (source: UN Food and Agriculture Organisation).


Dernier exemple, mais ils sont encore nombreux : l'équipement des foyers. J'ai sûrement une vision biaisée car du fait de mon expérience de volontaire, je suis plus amenée à rencontrer des familles défavorisées que des locaux fortunées. Cela dit, la majorité des foyers, surtout à la campagne, ne disposent pas de tous les équipements qui nous semblent indispensables en France : frigidaires, chauffe-eau, fours, micro-ondes, climatisation, wifi etc. Autant de postes de consommation d'énergie évités.


Vers une prise de conscience des enjeux écologiques

Les différences de niveau de vie entre français et cambodgiens expliquent également le manque de sensibilisation à l'écologie des populations: lorsque votre principale préoccupation est de vous nourrir ainsi que votre famille, il est difficile d'avoir une réflexion sur son impact environnemental. Les alternatives sont d'ailleurs beaucoup moins développées et accessibles qu'en France. On notera également une question de timing, le Cambodge entre tout juste dans l'ère de la société de consommation, période que la France expérimente et continue d'expérimenter depuis un bon moment déjà. Les jeunes cambodgiens rêvent de nouvelles technologies, d'accès aux produits occidentaux, japonais ou coréens et il semble assez hypocrite de leur demander de sacrifier ces aspirations auxquelles nous souscrivons depuis les années 80.


Pourtant, considérer que les cambodgiens ne se soucient pas d'écologie serait une erreur. L'élite cambodgienne est tout à fait consciente des enjeux et certains activistes locaux se sont d'ailleurs emparés du sujet à l'image de l'association Young Eco Ambassadors qui organise des événements de sensibilisation à l'écologie pour la jeunesse cambodgienne. Si ces manifestations sont parfois cantonnées aux villes, les campagnes bénéficient elles de l'influence de plusieurs projets de fermes écologiques (et touristiques) notamment situées dans les provinces du Mondulkiri et Kampot, qui viennent alimenter des restaurants locaux. La ville très touristique de Siem Reap (où sont situés les temples d'Angkor) développe de plus en plus d'initiatives responsables pour plaire aux touristes. Pour ce qui est des locaux, les produits responsables sont encore accessibles à une élite mais témoignent d'une prise de conscience nourrie par l'utilisation très importante des réseaux sociaux où circulent beaucoup de messages sur ce thème.


Il faut reconnaître qu'en matière de politique, le gouvernement n'est pas pleinement engagé dans la promotion de l'écologie même si quelques initiatives toutes relatives sont mises en place. A Phnom Penh par exemple, ville très sujette à la pollution, une réflexion est en cours sur la gestion et le traitement des déchets aujourd'hui pour le moins chaotique. En parallèle, un porte-parole du gouvernement a annoncé fin 2019, travailler sur un projet pour interdire la production et l'importation de plastique à usage unique. Le gros des actions menées le sont encore par des ONG ou des institutions étrangères comme pour beaucoup de thématiques cruciales au Cambodge, l'éducation par exemple !


Cet article n'a bien sûr pas pour but de présenter le Cambodge comme un pays où la situation est idyllique : les problématiques et les défis sont nombreux et vont de paire avec le développement du pays: pollution marine, déforestation, impact écologique du tourisme etc. L'objectif est plutôt de mettre en perspective le jugement parfois très critique qu'ont certaines personnes envers un pays qu'elles viennent visiter après une quarantaine d'heures d'avion (aller-retour). Si vous souhaitez que j'approfondisse les enjeux écologiques au Cambodge dans un prochain article, n'hésitez pas à me le signaler.

 
 
 

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