Battambang : The sweet escape
- Agathe
- 18 oct. 2019
- 4 min de lecture
Alors que les étudiants avaient rejoins leur famille et que le Cambodge entier vibrait au rythme de Pchum Ben, la fête des morts, nous avons fait route pour Battambang où nous avons passé une semaine en séminaire. Située dans la province éponyme, cette ville s'est révélée une bien jolie découverte qui m'a permis de sortir du bruit et de l'agitation de Phnom Penh.
1. En route !
Phnom Penh et Battambang sont à 6h de bus l'une de l'autre en temps normal, un peu plus lorsque les routes sont saturées comme c'était le cas lors de notre voyage. C'est ainsi que nous avons passé 9h délicieuses à voyager. Si vous êtes un peu sensible de l'estomac ou craintif dans les transports, ne soyez pas trop regardant sur la conduite des chauffeurs dont les véhicules brinquebales sur des routes défoncées, au milieu des flaques d'eau, scooters et animaux. La plupart des enfants n'y résistent pas mais fort heureusement, les parents sont équipés.

Les pauses pipi et repas sont régulières. Le chauffeur vous arrêtera sur des sortes d'aires d'autoroute où vous aurez une vingtaine de minutes pour vous restaurer. Prévoyez un peu de monnaie pour les toilettes (500 riels environ). En complément de ces pauses repas, vous pouvez aussi emporter à manger dans le bus.
Les passagers s'en donnent à cœur joie si bien que de jolis sacs plastiques plein de fruits, beignets et autres gourmandises ornent joliment l'arrière des fauteuils.
Pour peu que le bus soit un peu trop chargé, on vous attribuera une jolie chaise en plastique taille enfant afin que vous puissiez vous installer commodément dans l'allée centrale. Une expérience qui a son charme comme vous pouvez l'imaginer.
2. La ville de l'homme bâton

En arrivant à destination, vous ne pouvez manquer cette incroyable statue de l'homme bâton. Ce personnage entouré d'offrandes est l'emblème de la ville. Selon la légende, il s'agit d'un géant qui aurait lancé son bâton lors d'un combat contre l'un de ses rivaux. En retombant, le bâton aurait formé un ruisseau appelé O Dambang qui signifie littéralement "perdre le bâton".

Deuxième ville du Cambodge, Battambang est beaucoup plus préservée que Phnom Penh. A taille humaine, elle se parcourt facilement à pied et compte de nombreuses maisons coloniales assez mal entretenues malheureusement mais très jolies. Les adresses de cafés, petits magasins et autres adresses à l'occidental sont légion, on trouve de quoi faire des pauses gourmandes un peu partout et à des prix tout à fait raisonnables.
3. Les alentours
Je n'ai pas eu le temps de visiter beaucoup les alentours malheureusement mais j'ai quand même entrevue quelques pépites et puis cela me donnera une occasion de revenir !
Les maisons en bois
Le village de Wat Kor (vous trouverez différentes orthographes car je vous rappelle que le khmer a un alphabet différent du nôtre) est situé à une vingtaine de minutes à pied du centre de Battambang. Il est connu pour ses splendides maisons en bois construites selon la méthode khmère traditionnelle. Deux d'entre elles se visitent et sont toujours possédées par les descendants des premiers propriétaires, souvent des notables de Battambang, la plus ancienne a plus de 100 ans ! Le Cambodge comptait autrefois beaucoup de forêts, plus de 70% du pays, elles ont malheureusement été ravagées lors du régime des khmers rouges et continuent à être surexploitées aujourd'hui. Selon une étude de Global Forest Watch, le Cambodge a un taux de déforestation parmi les plus élevés du monde. Une fois cette considération écologique expliquée, voici quelques informations supplémentaires. Ces maisons construites selon la méthode traditionnelle sont sur pilotis et comprennent jusqu'à 7 essences de bois différentes selon l'usage qui en est fait. Les murs de l'une d'elles sont recouverts d'un torchis local réalisé avec un mélange de riz projeté sur les murs. Comme quoi, cette céréale est vraiment multi-usages ! Nous avons visité la plus ancienne des maisons du village avec pour guide l'arrière petite-fille du gouverneur de la province de Battambang, une vieille femme très émouvante. Il est assez impressionnant de se dire que ces maisons ont aussi bien résisté aux aléas du temps mais aussi au régime des khmers rouges pendant lequel l'une d'elles a été réquisitionnée afin d'accueillir des prisonniers.
Pov Sampov
Pour ceux qui ont peu de temps à consacrer aux visites autour de Battambang, Phnom Sampov est un lieu assez complet puisqu'il combine des temples, une part d'histoire khmer rouge et un phénomène naturel assez surprenant que vous avez peut-être vu si vous me suivez sur mon compte Instagram. Phnom Sampov est situé à une petite demi-heure en tuk-tuk de Battambang, il s'agit d'une colline comme l'indique son nom : "Phnom", la montée jusqu'à son sommet est donc un excellent moyen de se dégourdir les jambes. Arrivée en haut, on découvre des statues d'animaux représentant les années du calendrier bouddhiste puis des pagodes dans lesquelles notre guide nous a un peu éclairé sur l'histoire de Bouddha. Nous nous sommes ensuite acheminés vers une représentation des enfers khmer, toujours sous forme de statues. Selon la croyance, les personnes ayant commis de grands péchés durant leur vie terrestre sont condamnées à le revivre indéfiniment aux enfers, à la manière des supplices gréco-romains. Par exemple, un alcoolique sera condamné à boire de force, une personne qui n'aurait pas respecté ses parents verra son cœur arraché encore et encore. Une perspective assez effrayante.

Derrière ce tableau, se trouve un lieu à l'histoire encore plus terrible puisqu'il s'agit d'une grotte dans laquelle les khmers rouges exécutaient les prisonnier sous l'Angka. Les balles coûtant cher et les exécutions devant être silencieuses, les khmers rouges précipitaient hommes, femmes mais aussi enfants depuis l'entrée de la grotte. Si la chute ne suffisait pas à les tuer, le temps faisait son office et les survivants mouraient de faim ou des suites de leurs blessures. Un sanctuaire se trouve à présent à cet endroit, un Bouddha allongé y a été sculpté afin que les âmes des défunts puissent trouver la paix.
Le coeur un peu lourd, nous avons poursuivi notre visite vers d'anciens temples envahis par les singes et découvert une vue à couper le souffle. A peine le temps de l'admirer et de prendre quelques photos que nous avons dû redescendre pour assister à un spectacle étonnant. Depuis la terrasse d'un bar, nous avons admiré le départ pour la chasse nocturne de milliers de chauve-souris. Un flot ininterrompu commencé à la tombée de la nuit et qui a duré une grosse demi-heure. Impressionnant !
Cette première escapade cambodgienne a été une vraie bouffée d'air frais et j'ai hâte de découvrir plus avant ce pays dans lequel j'ai choisi de vivre un an.
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